Uruguay: Tambores del candombre

 

        CANDOMBE

Tambours traditionnels afro-uruguayens

        LA COMPARSA DE LOS TRES BARRIOS  

   

Cette comparsa regroupe des musiciens des trois principaux quartiers de Montevideo liés historiquement au Candombe : Cuareim (Barrio Sur), Ansina (Barrio Palermo), Cordûn (Barrio Cordòn). Pratique musicale et artistique populaire et complexe, le candombe peut donner lieu à divers types de manifestations :

- autour des tambours, le cœur du candombe, sous forme de concerts, de défilés, d'interventions éphémères (ouverture ou clôture d'événements, premières parties etc.).

- avec les chants et les danses traditionnelles (défilé, spectacle...)

- sous forme de stages de tambour, des stagiaires pouvant participer à certaines partie du défilé ou du spectacle.

- sous forme de stages incluants les différents aspects du candombe de la culture uruguayenne (danse, costumes, fabrication et décoration des tambours...) Les neuf musiciens de cette comparsa peuvent être rejoints par des percussionnistes "candomberos" résidant en Europe, (uruguayens, latino américain ou européen). On peut, pour des défilés, regrouper facilement 9 à 25 tambours supplémentaires et pour des événements exceptionnels jusqu'à 60 tambours. On peut aussi imaginer de faire intervenir la partie danses et chants (spectacle et participation au défié) avec les 3 personnages traditionnels (1 ou 2 danseurs par personnages), les danseuses, le chœur, les chanteurs etc...        

Les musiciens : Cuareim (Barrio Sur): Chico: Juan Fernández "Karu" Piano: Waldemar Silva Rivero "Cachila" Repique: Wilson Martirena "Rodman" Ansina (Barrio Palermo): Chico: José Ramón García "El Mudo" Piano: Miguel Ángel García "El Brujo" Repique: Sergio Ariel Ortuño "El Checha" Cordòn (Barrio Cordòn): Chico: Daniel Abal "Chino" Piano: Carlos Pintos "Bocha" Repique: Juan José Quintana "Juancho" Coordination artistique (France et Uruguay): Mirtha Pozzi, Pablo Cueco, GustavoGoldman.   pour les spectacles incluant la danse et les chants, il faut 12 personnes en plus: 3 personnages 6 danseuses et danseurs 2 chanteurs 1 costumière / habilleuse                        

Le Tambour comme les contes, comme les rêves, le tambour sonne dans la nuit. Il est dangereux comme la nuit, il a été toujours digne de soupçons et souvent coupable. Dans les plantations des Amériques les soulèvements des esclaves couvaient à coups de fouet, mais éclataient aux coups du tambour. Ces tonnerres étaient le signal qui déclenchait les révoltes. Dans les îles anglaises des Caraïbe, méritait des peines de prisons ou de flagellation celui qui faisait sonner les tambours - ces instruments de Satan - à la manière africaine. Quand les français ont brûlé vif le rebelle Mackandal, qui incitait à la révolte les noirs d'Haïti, ce sont les tambours qui ont annoncé qu'il s'était évadé, sous la forme d'un moustique. Les maîtres ne comprenaient pas le langage des "toques" de tambour. Mais ils savait bien que ces sons ensorcelés ont le pouvoir d'appeler les dieux interdits, ou le Diable lui même, qui danse au rythme du tambour avec des grelots aux chevilles. Eduardo Galeano écrivain uruguayen, auteur, entre autre de "Les veines ouvertes d'Amérique Latine", et de la trilogie"Mémoire du Feu".      

 

 

Les tambours sont la célébration culturelle afro-uruguayenne par excellence:

c'est une cérémonie de rue, ils "sortent" à Montevideo, la capitale de l'Uruguay, tous les jours fériés, pendant toute l'année, pour clôturer avec les défilés des "Sociedades de Negros y Lubolos" du Carnaval. Les tambours se répandent dans tout Montevideo, et avec eux leur musique, l'effet de leur son, la solidarité, et l'identité : une forme de résistance culturelle, patiemment pacifique, mais pas passive. Luis Ferreira "Los Tambores del Candombe" Montevideo: Éditions Colihue-Sepé 1997

Le candombe afro-uruguayen en Uruguay, et principalement dans la ville de Montevideo, l'apport des africains - appartenant à divers groupes ethniques et culturels, amenés comme esclaves pendant l'époque coloniale - constitue une composante importante de l'identité culturelle. Actuellement, c'est dans les manifestations liées à la musique que cet apport apparaît plus évident. Les Lìamadas de tamboriles ou tambores, le Desfile Oficial de Lìamadas, les Sociedades o Comparsas de Negros y Lubolos du Carnaval Montevidean, et le "candombe canciùn" de notre musique populaire, font partie de ce qu'on définit comme "complexe candombe". Le terme candombe, a désigné diverses manifestations à travers le temps. Au siècle dernier, il avait deux significations différentes, relationnées entre elles. D'une part, on appelait "candombe", les locaux de réunion ou se regroupaient les africains, selon leur origine (Sala Congo, Sala Mandinga, Sala Banguela, etc.). D'autre part, ce terme désignait quelques musiques et danses qui s'exécutaient dans ces réunion. Les afro-uruguayens se regroupaient en Naciones Africanas organisées à la manière d'un régime monarchique européen, avec ses autorités respectives : rois, reines, princes, ducs, etc. Ces salles fonctionnaient surtout les jours de liberté des esclaves : les dimanches et quelques jours fériés. Chaque année, le 6 Janvier, les nations africaines fêtaient le Jour des Rois en l'honneur du supposé roi mage noir, San Balthazar. Avec les plus beaux costumes qu'ils pouvaient se procurer, et au rythme des tamboriles, ou d'autres instruments, (marimbas, quisanches, zambombas cajas, mazacallas, etc..) ils réalisaient des processions à l'église, ils allaient visiter les autorités nationales et étrangères, et finalement ils finissaient la fête dans les Salas ou Candombes.Les Salas de Naciûn ont été fermées à la fin du siècle dernier. Les pratiques des fêtes comme celle du 6 janvier ou autres ont perduré aussi bien dans les Comparsas Lubolas du Carnaval de Montevideo que dans les Llamadas de Tamboriles. Ces deux manifestations ont comme principal instrument : le tamboril ou tambour, définit par Ayestarán*, (suivant les critères de Hornbostel et Sachs) comme un membranophone de frappe directe, tubulaire, en forme de baril, avec une peau, ouvert à l'extrémité opposée; ou comme un idiophone à frappe directe, à percussion, indépendant, dans le cas où l'on percute la caisse de résonance.

Les Comparsas Lubolas réalisent, pendant la période du carnaval, le Défilé des Llamadas (à travers les quartiers Sur et Palermo), et des représentations dans les scènes de rue (tablados) ainsi que dans le concours officiel du Théatro de Verano avec des chorégrapies et des thèmes instrumentaux ou chantés.

Dans chaque comparsa apparaissent les personnages traditionnels : la mama vieja, el gramillero, el escobero, ainsi que la vedette, el bailarín, el portaestandarte, el portabandera... qui "sortent" aussi dans le Défilé de Llamadas.

Chaque comparsa a ses signes distinctifs : couleurs, costumes (domino, bombachìn, sombreros...), drapeaux, étoiles et demi-lunes, peintures sur les fêts des tambours, etc.

Il existe actuellement trois sortes de tamboriles : le chico, le repique et le piano, qui présentent tailles, accords et rôles différents. Ceux-ci réunis en différents nombres et proportions, constituent une cuerda de tambores. L'ensemble composé d'un chico, un repique et un piano constitue une cuerda complète minimum. Le nombre des participants est très variable. On a déja vu des cuerdas de plus de 100 tambours. Les tambours se jouent généralement en marchant, avec une main et une baguette dans la main droite. Le tambour est suspendu à l'épaule par une courroie, ou talìn .

Autrefois, les "tamboriles" se construisaient avec les "duelas" ou lattes de bois de tonneaux de "yerbamate" (sorte d'herbe pour infusion). Actuellement, ils sont fabriqués avec des lattes de bois de sapin.

Le chico, le tambour plus aigu, joue un rythme soutenu tout au long de la llamada, c'est, comme le dit L. Ajestarán, la clé rythmique de la llamada.

Le repique, d'une hauteur de son moyenne, même s'il a un "rythme de base", se caractérise par ses improvisations continues basées sur celui-ci. Il participe de façon active au contrôle de la vitesse et la dynamique de la Llamada.

Le piano, le tambour de taille plus grande et de son plus grave joue aussi un rythme récurent, piano base, mais avec certaines variations, piano repicado.

On appelle madera la phrase qui s'obtient en percutant avec la baguette la caisse de résonance du tamboril (le fût). Le rythme joué, a une fonction de référence. Sa forme habituelle, correspond dans sa métrique à la "clave" 3 : 2 du "son" cubain.

La musique des tambours constitue un fait fondamentalement collectif. C'est dans l'échange sonore des appels et des réponses des tambours, qu'elle prend son sens et se réalise. Les tambours parlent, dialoguent, s'appellent les uns les autres. Ils se parlent, ils s¹appellent pour augmenter la vitesse ou l¹intensité. On utilise aussi des phrases spécifiques pour el arranque (le début) et pour el cierre (la fin) de la llamada. Cette "conversation" nécessite un ordre; tous les tambours ne peuvent pas "appeler" ("repicar") à la fois. Un repique doit appeler, un autre lui répondre, un piano appelle un autre; un repique "appelle" pour accélérer et monter l'intensité et tous les tambours lui répondent... Ce sont ces dialogues que l'ont définit comme llamada de tambores.

Le chico, le repique et le piano, quand ils sont joués, produisent un tissu rythmique, timbrique, mélodique, et harmonique complexe, qu'on appelle "Rythme de Candombe". Dans la musique des tambours "Afromontevideans" il existe des variantes stylistiques selon les zones ou quartiers de la ville: Cordòn, Sur, Palermo, Cerrito de la Victoria, Uniòn, El Cerro, Buceo, La Teja, etc.

Les trois styles principaux de la musique des tambours du Candombe correspondent à des zones ou des quartiers de Montevideo avec une présence importante de population noire. Ces styles sont ceux des quartiers Sur, Cordòn et Palermo, ou bien Cuareim, Gaboto et Ansina (ces trois derniers noms correspondent à des rues de ces quartiers). Ces rues étaient des noyaux des population noire, concentrés autour des "conventillos" (habitations collectives regroupant plusieurs familles), comme le "Medio Mundo" dans la rue Cuareim, les maisons de la rue José Mª Roo dans le quartier Sur, el conventillo "Gaboto" dans le rue du même nom, dans le quartier Cordòn et les maisons de la rue "Ansina" et ses alentours dans le quartier Palermo.

Il faut également signaler l'existence de grandes familles liées à la musique des tambours et aux comparsas de carnaval issues historiquement de ces quartiers, entre autres : les familles Silva et Martirena du quartier Sur, les familles Oviedo et Giménez d'Ansina et la famille Pintos de Cordòn. Les variantes stylistiques se présentent, du point vue musical, dans la dynamique, le tempo, les "toques" de piano, l'ordre et la disposition de la comparsa, et la proportion entre les différents tambours. Par exemple: Cuareim joue plus doux et plus lent que Ansina et Cordòn. Les montés de dynamique et de tempo sont plus fréquentes et plus énergétiques dans ces derniers styles. La démolition dans les années 70 / 80 des noyeaux de regroupement de la population noire a produit sa dispersion vers d'autres quartiers de la ville, ce qui a accelleré le processus d'intégration du candombe dans d'autres zones. Actuellement les "toques" de tambours ont une popularité croissante dans notre ville et notre pays, à tel point que les quartiers où résident la moyenne ou haute bougeoisie, comme Pocitos ou Malvín, ont leurs cuerdas de tambores.

L'éxistence, à l'intérieur du pays, de llamadas de tambores et de comparsas, est un phénomène récent. Certaines d¹entre elles se sont même présentées à Montevideo pour le Desfile Oficial de Llamadas, entre autres les comparsas des villes de Melo, Durazno, Colonia, etc.

On peut remarquer également l¹emergence d¹une pratique féminine des tambours du candombe, jusqu'à la direction de cuerdas (à San José et à Canelones)

. On peut aussi signaler certaines villes à l'extèrieur du pays oû des "tamborileros" locaux se réunissent avec des uruguayens autour de la pratique de tambours de candombe: Santiago de Chile, Buenos Aires, NewYork, Barcelona, Mulhouse, Londres, Fontenay sous Bois, Paris...

Au Carnaval de cette année 1999/2000 sont "sorties", entre les nombreuses agrupaciones lubolas : "Sarabanda", "Sinfonía de Ansina", "Kanela y su Barakutanga", "Serenata Africana", "Yambu Kenia", "Escuela de Candombe de Cerro Largo", "Kimba"... Representant le Barrio Sur, en plus de l'historique comparsa "Morenada", est "sortie" la comparsa "C 1080". Dans le CD - ( des artistes qui seront la base et l'encadrement de l'échange que nous proposons) - apparait une curda de tambores de cette dernière, ainsi que des musiciens "tamborileros" qui font partie des comparsas "Sarabanda" du quartier Cordòn et "Sinfonía de Ansina" du quartier Palermo. Gustavo Goldman Musicologue uruguayen, compositeur et guitariste. Auteur de: "¡Salve Baltasar! La fiesta de reyes en el barrio sur de Montevideo" * Ayestaran Lauro : musicologue uruguayen "La Musica en el Uruguay" Vol 1. S.O.D.R.E. Montevideo, 1953. llamadas: littéralement, appels /Salas de Nacion: lieux de réunion des africains, en fonction de leurs origines / Comparsa Lubola: groupes ou sociétées de noirs du Carnaval Montevidean / Dia de Reyes: Jour des Rois / chico: lit. petit / piano: nom du plus grave (et plus gros!) des tambours afro-uruguayens / cuerda: lit. corde / madera: lit. bois / "C" 1080: C de conventillo, Cuareim, comparsa... 1080 en hommage au conventillo del Medio mundo, dont l'adresse était "Cuareim 1080"

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